Lou Blazer, résistante, conseillère municipale et juste parmi les nations
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lou entre en Résistance. Dès 1940, elle utilise son statut de bénévole à la Croix-Rouge et son rôle de conseillère municipale pour couvrir ses activités : elle distribue des journaux résistants, facilite le ravitaillement et sauve plusieurs Juifs, dont le jeune Pierre Kahn et la famille du rabbin Ephraïm Rowinsky. Arrêtée le 16 novembre 1944, elle est déportée au camp de Gaggenau (annexe du camp de Schirmeck), dont elle reviendra en avril 1945.
Le Comité départemental de libération inscrit son nom sur la liste des candidats aux élections municipales du 29 avril 1945. Elle remporte un franc succès (87 % des suffrages) et obtient plus de voix que le maire sortant, Armand Bermont. Pour autant ses confrères ne la portent pas au rang de maire. En 1947, elle décide de ne pas se représenter aux élections municipales : « Si la politique est nécessaire sur le plan national, elle n’a rien à faire dans une assemblée municipale. »
En 1966, elle reçoit le titre de Juste parmi les Nations et depuis 2014, un collège montbéliardais porte son nom.
Un autre épisode de la vie de Lou Blazer témoigne de la lente amélioration de la condition féminine. Elle est en effet nommée conseillère municipale en juin 1941, alors que les femmes n’ont pas encore réellement acquis de droits politiques. Cette nomination (ce n’est pas une élection) est rendue obligatoire par la loi du 16 novembre 1940 portant réorganisation des corps municipaux, qui impose la désignation « d’une femme qualifiée pour s’occuper des œuvres privées d’assistance et de bienfaisance. » Paradoxalement, donc, c’est le régime de Vichy, fondé sur des conceptions autoritaires et discriminatoires, qui, le premier, invite les femmes à participer à l'administration de la cité (dans un domaine considéré alors comme le propre de la femme, il est vrai …).